Votre avis ?Marcello Truzzi, premier co-dirigeant avec Paul Kurtz du CSICOP, s'est distancié du CSICOP et de certaines formes de critiques du courant sceptique qui, selon lui, auraient dérivé vers ce qu'il appela le pseudoscepticisme. Ce concept caractériserait le fait de formuler des affirmations négatives sans accepter le fardeau de la preuve14 et, dans le champ du paranormal, la position selon laquelle toute donnée soutenant l'existence de phénomènes paranormaux est nécessairement frauduleuse ou mensongère15. Truzzi décrit des chercheurs et des démystificateurs qui selon lui se prononçaient sur la validité d'affirmations avant de les avoir expérimentées. Il accusa le CSICOP d'avoir adopté un comportement de plus en plus antiscientifique. D'autres auteurs soutiennent cependant que le concept de pseudo-scepticisme servirait surtout aux tenants d'une ou l'autre pseudo-science pour dénigrer les sceptiques.
« En science, le fardeau de la preuve revient à celui qui affirme et plus une affirmation est extraordinaire, plus grand est le fardeau de la preuve demandé. Le vrai sceptique a une attitude agnostique, c'est-à-dire qu'il considère une affirmation non prouvée plutôt que démontrée fausse. Il prétend que l'affirmation n'a pas été prouvée et que la science doit continuer à construire ses cartes conceptuelles cognitives d'analyse de la réalité sans tenir compte de l'affirmation. Tant que le vrai sceptique ne fait pas d'affirmation, il n'a rien à prouver. Il ne fait que continuer à utiliser les théories scientifiques établies par les sciences conventionnelles. Cependant, si le critique affirme que l'affirmation a été démontrée fausse, qu'il a une hypothèse négative – disons, par exemple, qu'un résultat d'un test psi est dû à un artefact –, il fait une affirmation et doit alors fournir la preuve de son assertion16,17. »
Truzzi attribua les caractéristiques suivantes aux pseudo-sceptiques :
Tendance à nier, plutôt qu'à douter
Faire deux poids, deux mesures
Tendance à discréditer, plutôt qu'à chercher
Présenter des données ou des preuves insuffisantes
Supposer que la critique ne porte pas le fardeau de la preuve
Présenter des contre-arguments sans fondements ou fondés sur leur plausibilité et non sur des preuves empiriques
Traiter l'insuffisance des preuves comme une raison de rejeter totalement une proposition.
Aujourd'hui, les organisations « sceptiques des sceptiques » (the skeptic's skeptic; c'est ainsi que Paul Kurtz désignait Truzzi) sont, notamment, Skeptical Investigations18, une ressource en ligne fondée par le biologiste Rupert Sheldrake, et le SCEPCOP - Scientific Committee to Evaluate PseudoSkeptical Criticism of the Paranormal (Comité scientifique d'évaluation des critiques pseudosceptiques du paranormal)19.
Dans quel démarche sceptique vous situez vous ?