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par BeetleJuice » 24 avr. 2014, 18:43
C'est des arguments créationnistes assez classiques, qui reposent essentiellement sur une large incompréhension d'un tas de notion scientifique. Je pense qu'il y a déjà eu des réponses à tout ça dans les sujets dédiés au créationnisme si vous vous donnez la peine de chercher.
Cela dit, je doute que vous puissiez le convaincre, les créationnistes sont assez indécrottables.
On peut déjà donner quelques pistes:
-Quand votre interlocuteur dit que rajouter des chaines de nucléotides dans l'ADN ne crée pas de l'information, il se trompe.
En fait, l'utilisation d'information pour parler du caractère codant de l'ADN est surtout un terme commode plus qu'une description fidèle, car ça permet de rendre compte de la chaine de réaction chimique qui conduit à l'expression d'un caractère. C'est, je pense, à relier à la théorie de l'information, qui décrit l'information comme ce qui se transmet dans les systèmes complexes et s'oppose au chaos. Cette information ne peut se comprendre qu'en fonction de son expression dans le système, donc via le phénotype.
Ce qui veut dire que toute modification de l'ADN ayant une répercussion crée forcément de l'information, puisque ça à une conséquence sur l'expression des caractères, même quand cette conséquence est néfaste.
Ce qu'induit ensuite cette modification ne change pas le fait qu'il y a une information nouvelle.
Après, s'il veut dire que la quantité d'information n'augmente, il se trompe aussi, car là encore, c'est l'expression du gène qui compte et la mutation peut très bien finir par scinder un gène ou en modifier un qui inhibe plusieurs autres, entrainant de forte modification du phénotype.
-Je ne sais pas exactement de quoi il parle pour le lézard, mais vous pourriez lui faire remarquer que l'agencement des fossiles selon un arbre phylogénétique n'est pas dû au hasard ou pour répondre aux envies des évolutionnistes, mais d'abord en fonction des strates géologiques où on les a trouvé et ensuite des groupes auquel on suppose qu'ils appartiennent.
Il est d'ailleurs à noter que la théorie de l'évolution permet souvent de prédire les strates géologique où l'on trouve les parties manquantes des arbres phylogénétiques et que la plupart s'insère donc dans le modèle décrit par celle-ci, non pas parce que les évolutionnistes le veulent bien, mais parce que la théorie prédit qu'il seront bien où on les trouve et avec les caractères ancestraux qu'on leur trouve.
Evidement, ça n'est pas absolu, il arrive que certaines classifications soient remises en cause, notamment par la génétique, qui a le dernier mot dans l'affaire.
-Je ne sais pas quoi vous dire pour l'oeil, sa réponse est d'assez mauvaise foi, dans la mesure où il admet une adaptation au milieu, mais fait une analogie foireuse avec les moteurs (grandes spécialités des créa quand ils sont coincés que de faire des analogies foireuses).
-L’abiogenèse n'est pas un domaine de la théorie de l'évolution en tant que tel, même si on peut la faire porter jusque là, dans la mesure où celle-ci décrit les évolutions des créatures vivantes une fois qu'elles sont déjà là. Le fait que la théorie de l'évolution n'explique pas l’abiogenèse n'est donc aucunement une marque d'un manque de crédibilité de la théorie de l'évolution, juste une marque de la limite de son sujet d'étude.
C'est comme pour la gravité qui n'est pas expliqué parfaitement par la théorie quantique, ça ne montre pas que la physique quantique est fausse ou non crédible, ça signifie simplement que ce qu'elle peut étudier est limité et qu'il faudra peut-être une théorie plus large pour s'attaquer à la gravité.
L’évolution c'est pareil. Elle décrit très bien ce qui se passe une fois la vie apparu, mais nécessite d'être inclue dans une théorie plus large si on veut inclure l’abiogenèse. C'est d'ailleurs ce qu'essaie de faire les scientifiques en testant des modèles qui tiennent plus de la chimie que de la biologie et en s'adjoignant l'aide de la géologie pour savoir ce qu'était la Terre d'il y a 3 milliards d'années.
Pour le reste, j'ai la flemme d'aller plus loin, on a déjà eu ces arguments sur les fraudes scientifiques, le prétendu dogmatisme des scientifiques et la mauvaise foi des créationnistes en général....juste pour rigoler, quand il dit que les scientifiques refusent le créationnisme en classe (sous-entendu par dogmatisme), demandez lui s'il est prêt à ce qu'on accepte aussi la version de la création par Raël, le Pastafarisme, le créationnisme musulman, comment on ferait pour avoir assez de temps pour toutes les étudier en classe et comment il prouve que "c'est Dieu qui l'a fait" est plus crédible que "c'est le monstre en spaghétti volant qui l'a fait" ou "c'est les E.T qui l'ont fait".
A noter aussi que comme tout les créationnistes, il fait reposer son argumentaire sur le sophisme suivant: si tout à une fonction parmi les organismes des êtres vivants, c'est qu'ils sont crées et que l'existence d'une fonction est la preuve d'une création spécifique de l'organisme pour la remplir. C'est une version biologique de l'idée du grand horloger.
Or c'est évidement un sophisme, la découverte d'une fonction pour un organisme ne fait que donner la preuve que ce dernier remplit une fonction. Donc AUCUN des arguments du créationnisme (qui repose tout entier sur ce sophisme en fait et son dérivé sur la complexité irreductible) n'est un argument pour une création, car ça demanderait une preuve de l'existence d'un créateur indépendante de sa création.
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BeetleJuice le 24 avr. 2014, 18:55, modifié 1 fois.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)