Dany a écrit :L'administration européenne et la sphère européiste (

) ne va faire aucun cadeau à l'Angleterre
Autant que je le sache, même si M. Barnier est plutôt sur une ligne ferme, la commission et le parlement ne sont pas vraiment aussi unanime et l'administration européenne n'a pas vraiment une culture de l'affrontement. De toute manière, pour un sujet aussi délicat, c'est surtout les Etats qui décideront de la ligne à suivre et pour le moment, l'unité est de façade, mais dans l'arrière boutique, c'est plus compliquée, parce que tout le monde n'a pas exactement les mêmes intérêts.
En fait, c'est surtout le Royaume-Uni lui même qui risque de faire aller vers des négociations difficiles. D'abord parce qu'ils ont largement sauté dans l'inconnu et que l'administration britanniques ne dispose pas à l'heure actuelle du personnel compétant (en matière de droit, de négociation...) pour gérer la question dans le délai prescrit. Ensuite parce que la réussite des négociations tient en réalité bien plus à l'unité européenne qu'à sa désunion dans la mesure où, si l'accord de sortie est considéré comme un accord mixte, il faudra qu'il passe devant les parlements nationaux, donc il devra y avoir au moins 27 vote pour et même simplement l'allongement des durées de négociations demande un vote des Etats. Enfin parce que les disposition même de l'article 50 ne sont pas à l'avantage des britanniques et qu'ils auraient dû s'y préparer largement en amont avant de l'activer.
Cela dit, la situation était de toute manière politiquement impossible pour le gouvernement britannique.
Au final, s'il y a un brexit dur, ça sera sans doute moins le fait d'une volonté de la "sphère européiste" comme vous dites qu'un accident de parcours qui empêchera les négociations de correctement se passer.
De même que ça ne se produirait pas non plus pour n'importe quel autre pays qui va quitter l'union européenne
Ca dépend lequel.
Un pays membre de l'Euro par exemple, aura sans doute bien plus de difficulté qu'un pays comme le Royaume-Uni, qui avait des opt-out pour pas mal de politique communautaire. On a peu d'exemple, mais historiquement, les sorties d'union monétaire sont rarement simple et sans coût. Surtout si c'est un pays comme la France, par exemple, qui fait carrément risquer la disparition de cette monnaie qui est quand même, la seconde monnaie de réserve mondiale.
Je ne saurais pas en prédire les effets exacts, mais toute personne qui prétend que ça serait facile et sans trop de casse est selon moi un menteur. A minima, je pense qu'on peut au moins tabler sur un bank-run et une fuite de capitaux pour les pays qui risque de voir la nouvelle monnaie dévaluée. C'est déjà ce qui s'était passé en Grèce lorsqu'il y avait eu des rumeurs de sortie de l'Euro.
Après ça, je pense que c'est imprévisible, vu que je pense que ça ne peut pas se passer de manière négociée si le pays qui sort est trop gros.
D'où, encore une fois, ma réflexion sur le discours des médias mainstreams (re re

) qui font juste de la vulgaire propagande catastrophiste.
Pas vraiment.
La plupart parle de conséquences négatives parce que les tentatives de prédiction en économie relève d'une continuation des tendances en cours. On ne peut pas prévoir quelle politique le Royaume-Uni peut mettre en place pour compenser les effects négatifs et rebondir, mais on peut tenter de prévoir ce qui se passera s'ils ne font rien.
Le problème, c'est pas tellement les anticipations, c'est le fait qu'on leur fait jouer un rôle qu'elles ne peuvent pas tenir, parce qu'on est dans une société où l'on demande aux sciences humaines d'être les nouveaux oracles (et particulièrement à la science économique).
Par exemple, les prédictions ne pouvaient pas prévoir l'ampleur de la politique d’accommodement de la BOE après le vote de juin dernier, politique qui a permit de lisser les effets du vote, notamment sur le cour de la Livre (même si elle a quand même bien baissé au final).
Je pense pas que les médias soient mal intentionné quand ils relaient les anticipations, ils ne sont juste pas forcément formé à la manière de bien les présentés et leurs publics attendent de toute façon plus la parole de l'Oracle qu'une présentation sérieuse des chiffres, avec remise en contexte et indication de comment on les obtient pour montrer les limites de leur emploi.
Le problème c'est toujours tous ces complotistes sans-dents qui sont capables de flairer qu'il y a une arnaque quelque part et puis voter pour Le Pen... sont bêtes, hein ?
Bêtes ? Non.
Mal éduqué aux médias, certainement, mais c'est l'un des grands enjeux de notre civilisation hyper-connectée et remplit d'information en continu, donc c'est un problème qui ne peut pas se régler en seulement quelques années tant l'immédiateté de l'information et l'apparition des bulles de filtres renforçant nos biais cognitifs représente un changement dans la manière dont on peut s'approprier le monde.
Après, je dirais que la bêtise, si elle est là, c'est de traité les questions européenne avec un prisme de court terme. Les conséquences du brexit, c'est pas à l'aune de la santé économique du Royaume-Uni pour les 5 prochaines années qu'elles se posent, c'est à l'aune de la géopolitique en Europe et dans le monde pour les 50 ans à venir.
Spin-up a écrit :Et a coté de ca, la soupe risque d'etre amère car le citoyen britannique moyen a peu de chance de voir la couleur des bénéfices promis.
C'est ça le pire au final, car en fait, pour le citoyen britannique, à moins d'un scénario vraiment noir, avec éclatement du RU, le brexit ne va sans doute pas forcément changer tant de chose que ça dans l'immédiat. A part la question des immigrés dans les pays de l'Est, la sortie de l'UE ne permettra sans doute de résoudre aucun problème que pourrait avoir le peuple britannique actuellement et ne va qu'en poser de nouveaux.
Toute cette histoire sera sans doute perdante pour les deux parties, hormis pour la franges nationalistes qui auront la satisfaction de voir moins d'étrangers européens, mais ne verront sans doute pas revivre pour autant leurs villes moyennes, leurs campagnes, leurs banlieues...
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)