Le taux brut de mortalité postopératoire est-il un critère pertinent d'efficience d'une équipe chirurgicale ? Étude prospective des suites opératoires de 11 756 patients - 01/01/00
J.-F. Gillion
Service de chirurgie viscérale, hôpital privé d'Antony, 1, rue Velpeau, 92160 Antony, France
Résumé
But de l'étude. - Étude critique du taux brut de mortalité postopératoire en tant qu'indicateur de qualité des soins.
Matériel et méthodes. - Les suites opératoires de 11 756 patients consécutifs, opérés du 1er janvier 1987 au 31 décembre 2002 d'une intervention de chirurgie générale, ont été recueillies prospectivement.
Résultats. - Soixante-treize patients (0,60 %) d'un âge médian de 77 ans sont décédés. La mortalité était nulle chez les 5046 opérés de moins de 40 ans. Trois mille deux cent soixante-cinq patients (28 %) ont été opérés en urgence. La mortalité des 3952 opérés d'une intervention digestive était de 1,00 % (40/3952 patients) et de 3,56 % (17/478 patients) en cas d'intervention en urgence hors appendicites non suppurées. Les opérés pour cancer représentaient 8 % des opérés (968/11 756 patients) mais 49 % des décès postopératoires. Dans cette série le taux brut de mortalité postopératoire varie du simple au double selon que l'on comptabilise (73 décès) ou pas (34 décès) les interventions de confort chez des patients en phase terminale et les interventions de la dernière chance, en urgence, chez des patients en état de mort imminente. Six cent-vingt patients (5,3 %) ont eu au moins une complication notamment chirurgicale chez 166 patients et pariétale chez 258 patients.
Conclusion. - Cette étude montre qu'une démarche rigoureuse d'autoévaluation est réalisable sur le très long terme. Elle confirme que le taux brut de mortalité n'est pas un critère pertinent pour évaluer l'efficience d'une équipe chirurgicale, suggère que le concept de décès évités est un reflet plus fidèle et plus valorisant du travail médical, permet de proposer un indice de mortalité abaissée par une gestion efficiente des complications postopératoires .
A titre de comparaison, je poste le résumé d’une étude que nous appellerons B concernant un sujet très voisin de celui proposé par LdM que nous appellerons A.
On voit que l’étude B est multifactorielle. Elle prend en compte les paramètres qui ont été observés comme étant les plus influents. L’avantage d’une telle méthode est qu’elle donne une indication chiffrée de l’influence de chaque variable sur les différences constatées. On trouvera, par exemple, que 35 % de la différence constatée entre deux sous-groupes s’explique par la variable A, 28 % par la variable B … le complément à 100 % s’appelle le résidu. C’est la fraction qui n’est expliquée par aucun des facteurs étudiés. Si elle est faible, de l’ordre du bruit de fond statistique, c’est que toutes les variables significatives ont été prises en compte. Sinon, c’est qu’on a loupé quelque chose et on doit reprendre l’étude.
C’est une méthode bien connue qui porte peu à la polémique puisque tout y est clairement exposé.
L’étude A est, elle, clairement monofactorielle. Elle prétend étudier l’influence du sexe de l’opérant en écartant manuellement ce qui semble pouvoir fausser le résultat. Au doigt mouillé, donc.
On voit le danger d’une telle méthode puisque une étude préalable (B) a montré que le facteur prépondérant dans la mortalité post-opératoire est l’âge du patient. Pas de décès en dessous de 40 ans, 0,6 % en tout. Facteur qui ets ignoré par l’étude A. Pourquoi ?
Quand on sait que l’espérance de vie des femmes est nettement supérieure à celle des hommes, on peut se demander légitimement ce que serait devenu les 30 % de surmortalité des opérées si une étude multifactorielle prenant en compte ce paramètre avait été effectuée !
Alors, oui, DictionnaireErroné, tu as raison de te poser des questions sur la motivation, la compétence voire honnêteté de ceux qui ont commis l’étude A.
Ce qui il y a de bien quand on connaît les « études » zozo, c’est qu’on est pas dépaysé par les « études » Woke
Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances. Marcel Proust
Gloire à qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint
Se borne à ne pas trop emmerder ses voisins ! Georges Brassens
Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m'as-tu abandonné ? Dieu