Dany a écrit :La mécanique quantique est un outil probabiliste, c'est simplement le meilleur moyen que nous possédions à l'heure actuelle pour approcher le microscopique. Elle nous permet de travailler sur le comportement des particules et des rayonnements, mais elle ne nous dit toujours rien sur leur nature intrinsèque.
C'est un peu plus compliqué que ça tout de même. C'est une théorie décrétée comme complète.
Mais la théorie est suffisamment complexe et non conventionnelle pour être sujette à interprétation.
Il y a la fameuse interprétation de Copenhague, qui fait quasiment l'unanimité, et qui est indéterministe. Dans cette interprétation, le déterminisme n'existe pas, fondamentalement. C'est le même genre de contrainte que la vitesse de la lumière en relativité restreinte : ce n'est pas qu'on ne peut pas aller outre parce qu'on n'en a pas les moyens, mais parce que la théorie dit que c'est impossible (plus précisément, concernant la position des particules et leur impulsion par exemple, que ça n'a pas de sens).
Il y a l'interprétation de Bohm et De Broglie, dont je suppose que tu es partisan, et qui est une tentative de sauver le déterminisme. Elle n'a pas d'autre intérêt que cela, et c'est la raison pour laquelle personne ne l'utilise (tout le monde utilise l'interprétation de Copenhague, indéterministe, qui fonctionne).
A ce point, je précise que Bohm construit sa théorie en ajoutant à la théorie quantique des choses que - dans d'autres discussions que celle-ci - les sceptiques qualifieraient de "magiques". D'ailleurs, je n'ai toujours pas trouvé l'explication "bohmienne" de la décroissance nucléaire, mais même si je trouvais une publication je crois que j'attends là mes limites de compréhension.
Dire que l'indéterminisme de la mécanique quantique est temporaire et est dû au fait qu'on n'en sache pas assez, je considère cela comme un appel à l'ignorance.
Dirais-tu, au même titre que tu dis que l'aspect indéterministe de la mécanique quantique est dû à notre ignorance, que la limite de vitesse imposée par la relativité restreinte est due à notre ignorance, et qu'une future théorie lèvera un jour cette limite ? *
Si oui, pourquoi cette différence de traitement entre ces deux prévisions des deux théories ?
Sachant que tu considères que vouloir sauver le libre arbitre est une dissonance due à notre culture judéo-chrétienne, je te pose cette question : vouloir sauver le déterminisme, n'est-ce pas une dissonance due a notre culture scientifique déterministe (depuis les tous premiers scientifiques jusqu'à la fin du XIX
è siècle) ?
Personnellement, je trouve la démarche de Copenhague (de Bohr, Dirac, Pauli, Heisenberg ...) bien plus courageuse et avant-gardiste que celle de Bohm (et De Broglie, voire Einstein au début), qui a une démarche conservatrice et refuse d'abandonner le déterminisme. Il va même jusqu'à faire une théorie faisant appel à des éléments qui se trouvent hors de la science pour sauver ce déterminisme.
Pourquoi un tel acharnement ? Pourquoi ne pas considérer un monde non déterministe comme possible ? C'est est d'ailleurs plus que possible, c'est très probable : toutes la mécanique quantique actuelle est faire sur cette base.
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L'analogie n'est peut-être pas très pertinente mais elle permet de comprendre mon point de vue. Je suis conscient que les contraintes imposées par les deux théories n'ont pas tout à fait le même poids.
Dany a écrit :Affirmer de manière définitive que "à causes égales, plusieurs effets probables", parce que c'est ce qu'on peut constater avec notre meilleur outil actuel (qu'on reconnaît par ailleurs comme imparfait quand ça nous arrange), c'est décréter irrationnellement que la science est finie.
De fait, on ne peut pas enterrer définitivement le déterminisme.
Quid d'affirmer de manière définitive que le monde est déterministe ? Contrairement à l'affirmation contraire qui a une théorie solide sur laquelle s'appuyer, celle-ci relève de la croyance.