Mireille a écrit :C'est vrai, mais j'aurais quand même aimé tenter quelque chose. J'ai toujours pensé, un peu comme Bernard de Montréal l'expliquait (je comprenais très bien ce qu'il disait à ce niveau) qu'à travers notre réseau pensant il y avait deux sortes de pensées, une qui émergeait suite à nos réflexions et une autre qui nous était communiqué. Là tu vas me demander de où elles nous sont communiquées ces pensées et je te répondrais que je ne le sais pas. Oui, tout ça peu te sembler, fou mais ce ne l'est pas tant que ça. Pour résumé l'intuition, cette sorte d'intuition parce qu'il y en a plusieurs formes a cette capacité d'aller chercher de l'information là ou normalement on ne peut pas. J'arrête là pour tout de suite parce que même si elle courte ta moustache, je ne veux pas trop étirer la question à moins que cela t'intéresserais vraiment.
Pour nous, qui sommes des êtres pensants, tout est information. Même l'absence d'information peut nous fournir des informations.
Objectivement, on peut tirer parti de tout.
Vous dites qu'il existe plusieurs formes d'intuition, mais il existe aussi différentes formes de réflexion.
Quant on pense à la réflexion, on se figure généralement une analyse décidée consciemment : Un sujet pose question et nous y réfléchissons.
Mais on peut aussi réfléchir de façon spontanée : Alors des pensées se déroulent dans notre tête, lesquelles nous conduisent éventuellement à des réponses.
En réalité, nous ne cessons jamais de réfléchir car à chaque instant, nos perceptions nous transmettent des informations qui sont systématiquelment traitées par le cerveau.
Il peut même nous arriver de réfléchir en rêvant.
Nous pouvons donc être en état de réflexion, de méditation sur un sujet, une question, sans même être attentif au fait que nous sommes en train de réfléchir. Ca se fait sans y penser.
La réflexion est à la pensée ce que le galop et au cheval : Penser, c'est réfléchir, mais pas forcément sur un mode analytique donné, ça peut être un mode analytique élémentaire et naturel pour l'être humain. Je veux dire que, en reprenant l'exemple du cheval : Un cheval dressé peut trotter et galoper selon un dressage militaire et esthétique qu'il a appris, mais en tant qu'animal sauvage, il galopera comme un fou simplement pour s'éclater, parce que tout son être aspire à cela, à être libre comme le vent.
Notre pensée, c'est un cheval sauvage. Qu'elle soit capable d'analyser ou non, qu'elle soit éduquée ou non pour analyser les choses, elle le fait parce que c'est sa fonction naturelle. Le défi n'est pas de vivre ou mourir, le défi est de comprendre, et nous avons à notre disposition l'instrument le plus fameux de l'univers : Ce n'est pas le cerveau particulièrement, mais l'organisme vivant et pensant, un truc insignifiant parti de rien mais capable d'autonomie et de perfectibilité.
Un être pensant est voué à traiter de l'information et à en tirer parti : Il possède une faculté nommée "conscience" qui lui permet d'appréhender la réalité sensible.
Mais la réalité ne s'arrête pas aux limites de notre sensibilité, elle s'étend bien au-delà : Mais encore faut-il le comprendre, posséder des éléments qui le confirment et qui nous orientent dans la bonne direction, histoire de ne pas chercher en vain et se retrouver aussi idiot que si on n'avait rien cherché du tout.
C'est le sens de la recherche scientifique : Acquérir des preuves permet de poser des balises aux limites de nos connaissances, pour nous permettre d'aller plus loin. La preuve n'est pas un obstacle, c'est un jalon qui certifie que nous progressons dans le sens de la réalité véridique. L'existence d'une preuve évite de longs débats rhétoriques, d'analyses qui sont logiques pour les uns et pas pour les autres; ça simplifie la reconnaissance des choses. C'est essentiel dans une époque comme la nôtre où la recherche explose dans tous les sens.
Ce qu'il faut retenir des sciences, ce ne sont pas les connaissances, la technicité, la super-précision, le côté spectaculaire... : C'est la méthode.
Les sciences résident dans l'approche, dans le savoir-penser.
Et dans cette approche, il n'y a aucune différence entre l'intuition et la réflexion : L'intuition peut naître à partir d'une réflexion et inversement, la réflexion à partir d'une intuition. Ce sont des connexions, des déroulements, naturels, de la pensée - qu'on ne peut pas dissocier. Ce sont des espaces en interaction, qui n'existent que grâce aux échanges de l'ensemble de toutes ces facultés mentales.
Une intuition est une pensée. elle prend la couleur de notre savoir, de notre culture, de notre expérience. Qui aura une meilleure intuition qu'un informaticien face à un problème informatique, ou qu'un médecin face à un problème de santé? Dans l'expérience, on voit bien que si l'artiste à des intuitions artistiques, c'est parce que c'est précisément un artiste.
Un mystique aura des intuitions mystiques.
Ca ne vient pas d'on ne sait où.
Derrière la notion d'intuition, il y a les mêmes processus mnémoniques, intellectuels, cognitifs, que pour la réflexion; c'est seulement la perception de ces processus qui varie selon les individus. Certains individus sont mieux avisés que d'autres, en ce qui concerne les disciplines mentales. Certains individus comme les artistes, se servent plus de leur intelligence sensible, de leur réflexion personnelle; peuvent se permettre d'utiliser leur subjectivité à plein régime sans s'inquiéter de la rigueur et du réalisme de leur raisonnement. Mais derrière leur fameuse intuition, il y aura tout un apprentissage technique et esthétique, des années de recherches d'esquisses et de mise en scène.
Alors il arrive un moment où l'expérience, le savoir-faire, le feeling, remplace la réflexion du fait que les choses, les gestes, les couleurs, sont devenues des automatismes : Car fort heureusement, on a pas besoin de réfléchir 36 000 fois à la même chose.
Mais quand on se pose des questions sérieuses au sujet de problèmes concrets qui ne dépendent pas de nos perceptions, de nos croyances et certitudes, de nos espoirs ou de nos intentions, on espère trouver des réponses concrètes, satisfaisantes, et si possible, on espère en avoir une démonstration dont on peut tirer parti.
Ben sinon, ça sert à quoi?
Honnêtement, ça sert à quoi de penser que certaines de nos pensées nous seraient communiquées d'on ne sait où?
Nous, les homo sapiens, avons mis 40 000 ans pour découvrir que le cerveau était le siège de la pensée.
Avant on croyait que la pensée était un truc immatériel, un principe pour vous dire, pour lequel on imaginait une origine surnaturelle.
La pensée n'est pas quelque chose de "physique" au sens basique du terme. Du moins, on ne peut pas expliquer la pensée selon la vision archaïque du corps physique telles que l'ont les spiritualités, les religions, les traditions. On ne connait le fonctionnement du coeur, du foie, du cerveau, etc, que depuis très récemment, même s'il y a eu quelques précurseurs dans l'ancien temps. Ce sont des connaissances nouvelles et dans le cas du cerveau, le sujet est encore en pleine étude.
Et à mon avis, ça ne risque pas de s'arrêter demain.
On a toujours cherché vainement ailleurs, mais la réponse est ici.
Et je vous prie de croire que quand on commence à étudier sérieusement le cerveau, le surnaturel c'est un pique-nique à côté, une fable pour les petits enfants.