Wikipédia a écrit :La croyance en Dieu aux débuts de la franc-maçonnerie
Au xviie siècle et au début du xviiie siècle, les premiers francs-maçons étaient tous soit catholiques, soit protestants. Les plus anciens manuscrits maçonniques connus, même dans les loges d'inspiration calviniste, n'utilisent cependant jamais l'expression précise « Grand Architecte de l'Univers ». C'est le cas par exemple du manuscrit Dumfries (c. 1710), qui, bien qu'il emploie à un moment donné l'expression proche «« ye great architector of heaven & earth », fait surtout référence à de nombreuses reprises à « Dieu », « notre Seigneur Jésus-Christ » et mentionne même que l'apprenti franc-maçon « doit être fidèle à Dieu et à la sainte Église catholique » (« He must be true to god and the holy catholick church »).
C'est semble-t-il en 1723 dans les Constitutions of the free-masons, dites Constitutions d'Anderson, que paraissent pour la première fois dans le contexte maçonnique les termes exacts « Great Architect of the Universe », leur auteur, le pasteur James Anderson, les ayant probablement trouvés dans l'œuvre de Jean Calvin.
On lit plus tard, dans la divulgation Three Distinct Knocks publiée à Dublin et à Londres en avril 1760, une autre expression proche de celle de « Grand Architecte de l'Univers ». Il s'agit d'une prière à « notre Seigneur Jésus-Christ » qui commence en ces termes :
« Ô Seigneur Dieu, Grand et Universel Maçon du monde, et Premier Constructeur de l'homme comme s'il était un temple [...] »
Dans la seconde moitié du xviiie siècle et dans la première moitié du xixe siècle, la franc-maçonnerie s'ouvre à d'autres religions révélées et même, dans certains pays, à d'autres conceptions du divin. L'expression « Grand Architecte de l'Univers » remplace alors de plus en plus souvent le mot « Dieu ». En effet, plus générale, elle convient aux déistes aussi bien qu'aux théistes.
La franc-maçonnerie française dans les années 1860 et 1870
À partir de 1860, le Second Empire se libéralise. Napoléon III a perdu une grande partie du soutien des catholiques car il aide le roi de Piémont-Sardaigne, Victor-Emmanuel II à réaliser l’unité italienne, ce qui va à l’encontre des intérêts de la papauté.
Dans ce contexte plus libéral, la franc-maçonnerie française se développe, bien qu’elle soit divisée en deux obédiences (le Grand Orient de France et le Rite écossais) traversées par trois courants informels (conservateurs souhaitant rassembler des membres de toutes les religions établies, déistes rousseauistes et républicains positivistes). À l’initiative des courants réformateurs, de nombreuses loges appuient l’idée d’un enseignement laïque, gratuit et obligatoire, ce qui, joint à la présence de nombreux francs-maçons, dont Garibaldi, parmi les partisans de l’unité italienne, aggrave les tensions avec l’Église catholique romaine.
L’année 1870 voit la chute du Second Empire, l’instauration en France de la Troisième République avec un gouvernement provisoire dont sept des douze membres sont francs-maçons, et l’annexion de Rome au Royaume d’Italie. Les condamnations catholiques contre la franc-maçonnerie se renforcent et, du côté de la franc-maçonnerie, les républicains devenus très majoritaires se radicalisent dans leur anticléricalisme.
Les décisions du Grand Orient de Belgique en 1872
Dans les années 1830, l'épiscopat catholique s'investit fortement dans la vie politique. En 1837, les autorités catholiques de Belgique font rappeler dans toutes les églises du pays l'interdiction papale de l'adhésion à la franc-maçonnerie, restée largement ignorée jusque là. Cette nouvelle condamnation a pour effet de diminuer considérablement le nombre de catholiques et de conservateurs dans les loges et, à l'inverse, d'y augmenter l'arrivée des anticléricaux puis des membres du parti libéral. Dans ce contexte d'opposition virulente entre le parti catholique et le parti libéral, le rationalisme et le déisme gagnent alors du terrain au sein de la franc-maçonnerie belge, aboutissant en 1872 à la suppression de l'invocation au Grand Architecte de l'Univers de tous les rituels et documents du Grand Orient de Belgique.