Wooden Ali a écrit : ↑01 janv. 2018, 15:59
Nous serons au moins deux à penser que le débat philosophique sur le libre-arbitre est parti sur une mauvaise pente et qu'il apporte beaucoup de confusion sur une question morale, sociale, politique fondamentale : pouvons nous faire des choix et quelle est la part de responsabilité que nous avons dans nos actions ?
Mauvaise pente... C'est votre avis mais comme je l'ai dit ce débat (en ce qui me concerne) est important dans mon métier car il est touché par la question éthique (éthique et traitement en psychiatrie), sociale (la psychiatrie relative au contexte socio-culturel), et politique (décision de direction d'un peuple qui vit une psyché individuelle et systémique)... et bien d'autres comme la question de la responsabilité (l'état de conscience modifié, les limites du soi, le rapport à l'autre, l'empathie...) et le levier d'action possible (et dans quelle mesure) pour qu'une personne puisse générer un changement intrinsèque (d'elle-même? justement car libre ou de la société/famille/génétique (la psychiatrie?, le passé, la biologie...) car davantage déterminée par son contexte au-delà du soi mais surtout dans quelle mesure entre les deux, si l'on parle d'un continuum, le travail de changement personnel se situe lorsque l'on en a besoin (troubles psychopathologiques classiques, injonction de soin par la justice...).
Entre la psychochirurgie comme méthode de traitement psychiatrique (qui part du principe où le cerveau détermine entièrement la personne puisque l'ON agit sur elle) et la psychanalyse (qui part du principe où l'individu peut élargir sa conscience de soi et dépasser ses réflexes pathologiques pour être davantage libre dans sa vie et là, il n'y a quasiment aucune action sur le patient (il se met au travail disent-ils...)), nous avons deux visions bien distinctes de la psychologie et de la notion de liberté d'arbitrage. Ces visions sont cohérentes car la psychochirurgie, pour moi, est réservé aux cas où justement le libre-arbitre est amendé par l'ampleur des atteintes pathologiques et parler de libre-arbitre pour maîtriser son mentale dans certains cas est faux.
D'un autre côté la psychanalyse donne trop de liberté à des patients bien-souvent qui n'en ont malheureusement pas la possibilité. Et j'essaie dans mon travail d'avancer sur ces questions pour trouver l'approche la plus adéquate de façon générale et aussi en fonction des cas.
Donc hormis, l'intérêt intellectuel, philosophique de ce débat, pour moi, les applications dans la réalité sont hyper importantes même au-delà de mon métier.
Ce que je voulais en venant ici, c'était de tenter de répondre à des sujets d'ordre moral / philosophique grâce à la science et l'approche sceptique
hard car la question du mal et du bien est selon moi aussi une affaire de connaissance scientifique (cf. le traitement des animaux et les récentes lois... la science a beaucoup aidé à faire entendre la souffrance animal). Et pour l'instant, en venant ici, je suis ultra-satisfait des débats qui cadre ma réflexion, décharge mon énergie mentale (même si inutile parfois

) et m'enseigne énormément de choses.
Je ne pense pas que quelques expériences et les premiers résultats d'une branche balbutiante de la science du cerveau puissent vraiment nous aider à y répondre. Pourtant, une réponse est nécessaire même si elle est incomplète et sujette à caution.
Balbutiant oui c'est vrai, je n'ai réuni qu'une dizaine d'articles (or ceux de de Libet) pour l'instant. Mais ils vont quand même dans un sens (et ceux depuis le non scientifique pur et dur Freud et sa bande) où l'on découvre au fil du temps un libre-arbitre de plus en plus minuscule...
On est d'accord sur l'idée qu'une réponse est nécessaire.
Je ne vois pas comment une société puisse exister sans qu'il existe une certaine confiance entre ses composants. Quelle confiance puis-je avoir en mon voisin si son comportement est entièrement déterminée par une chaîne de causalité en acier dur chromé bleu qui remonte au Déluge et qui m'échappe à peu près complètement ? Aucune bien sûr ! C'est totalement contraire à mon expérience !
Quand la philosophie aboutit à trop de contradictions et au nihilisme, c'est qu'elle a un problème, non ?
Contraire à votre expérience... c'est exactement la conclusion que tire Gazzaniga de ces recherches... le résultat n'est pas intuitif, il est contraire à ce que l'on vit intérieurement. Quand l'objectivité montre que notre subjectivité est erronée, ça fait mal. ça renvoie à l'égo, c'est comme le sentiment désagréable quand on est en train de voir que l'on a tort dans une échauffourée langagière...
J'ai eu ce sentiment de révolte également en lisant tous ces articles et livres...

simple dissonance cognitive de sceptique un poil maso

.
Je trouve ça intéressant que vous parlez de confiance car cela rejoint la question de l'égo et de la confiance en soi (et en l'autre mais c'est quasi pareil d'un point de vue psychologique). On peut penser que cela nous échappe, que tout nous échappe (et surtout le voisin

) et cela peut être angoissant mais d'un certain point de vue ça peut-être cool aussi de faire confiance de façon globale puisque jusque là l'humanité n'a fait qu'évoluer favorablement (pour l'instant...).
De toute façon si la science prouve à 100% que nous n'avons aucun libre-arbitre mais qu'elle parle de probabilités hasardeuses au fin fond de notre cerveau, je ne vois pas en quoi, c'est plus rassurant. On en est pas là c'est vrai mais j'ai la
conviction (mot banni du forum

) que nous allons vers ces découvertes...