Extrait de l'article de Thomas Durand, "Qu’y a-t-il à penser dans l’au-delà ?",
Sciences et pseudo-sciences, n°322, octobre 2017 :
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L’Institut suisse des sciences noétiques (ISSNOE)
Les surprenantes capacités paranormales de Nicolas Fraisse sont présentées comme prouvées par un certain nombre de gens grâce au travail de communication de l’ISSNOE. Il s’agit pourtant d’allégations tout à fait stupéfiantes. Nicolas Fraisse serait capable de rapporter des événements se déroulant très loin de son corps, dans un autre bâtiment. Il pourrait deviner le sujet de photographies enfermées dans des enveloppes. Il pourrait aussi lire dans les pensées, et se retrouver dans le corps d’autres personnes, et même d’animaux.
Sylvie Déthiollaz relate dans un livre paru aux éditions Trédaniel,
Voyage aux confins de la conscience, les expériences qu’elle a menées avec Monsieur Fraisse. Pour elle, il n’y a plus aucun doute : ses travaux ont démontré que la conscience humaine peut s’extraire de notre corps, se déplacer et rapporter des preuves de ce déplacement.
Malheureusement, ces travaux n’ont pas été publiés dans les règles de l’art en suivant un processus de validation scientifique, de relecture, de révélation des protocoles et des données brutes. Par ailleurs, Madame Déthiollaz est docteure en biologie moléculaire. Elle a une thèse dans cette discipline et quelques publications scientifiques à son actif. La dernière remonte à 1997. Aucune de ses publications n’est reliée de près ou de loin à la parapsychologie. En d’autres termes, son titre de docteur est sans aucune pertinence dans ce contexte, et le livre publié aux éditions Trédaniel n’a aucune valeur scientifique. Or le respect de la méthode scientifique est le seul moyen de valider ces résultats, compte tenu de la nécessité du scepticisme a priori sur les faits dont nous parlions au début de cet article.
Le protocole et les résultats évoqués dans ce livre sont (difficilement) trouvables dans le
Bulletin de Psychophysique de décembre 2013. Ce bulletin n’est pas une revue scientifique. Les résultats qui y sont décrits défient toute explication rationnelle mobilisant les connaissances établies. La validation de ces allégations ne peut passer que par la réplication de l’expérience. Or, depuis décembre 2013, une telle réplication ne semble pas avoir été entreprise.
Et il existe des moyens relativement simples de tester les capacités alléguées. On peut mettre en place un protocole qui associe le double aveugle avec des critères préalablement établis pour distinguer une réussite d’un échec. Cela éviterait toute possibilité d’influence durant l’expérience et éliminerait les risques d’interprétation hasardeuse lors du dépouillement des données. Malheureusement, les « travaux » de l’ISSNOE se limitent désormais à des apparitions télévisées, des conférences rémunérées et la vente du livre paru dans une maison spécialisée dans les textes pseudoscientifiques (psychologie quantique, reiki, astrologie, etc.). Dans ces conditions, les rationalistes ne peuvent que rester dubitatifs. Pour lever le doute, il faudrait que Monsieur Fraisse se plie à un protocole expérimental sérieux et soumis à la validation par la publication dans une revue scientifique. Ainsi seulement pourra-t-il se proclamer différent de la masse des charlatans qui prétendent posséder, eux aussi, des pouvoirs et tirent de ces prétentions un capital symbolique et parfois des revenus financiers.
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Article complet:
https://www.afis.org/Qu-y-a-t-il-a-pens ... -l-au-dela