Pour (tenter de ) revenir au sujet, je suis en train de parcourir l'excellent blog de Jean-Michel Abrassart, et, je suis tombé sur deux articles sur les EMI, ce sont des transcriptions de "balados", des interview audio (qui sont disponibles en début d'article) (hmm; cette tendance à inventer des mots, balados, redico, zététique...

):
Deux interviews donc, de deux neuropsychologues travaillant dans des programmes différents, l'une en Belgique, le deuxième en Suisse, tous deux sur les EMI.
La première interview, de Vanessa Charland-Verville:
http://scepticismescientifique.blogspot ... 3-les.html, le thème, EMI, faux souvenirs, hallucinations...
Un extrait (pour pousser à la lecture):
On s’est rendu compte que les souvenirs des l’EMI[...] sont toujours plus intenses surtout en terme de caractéristiques qui font référence à soit, et émotionnelles que tous les autres types de souvenirs, même les souvenirs réels récents. Et on avait demandé aux gens de se rappeler de souvenirs réels qui les avaient vraiment marqués (un accouchement, un mariage), des souvenirs qui étaient émotionnellement saillants pour les personnes. Donc on se dit que cela cadre bien avec ce que les gens disent : « C’est plus réel que la réalité », parce que c’est ce que nous a révélé le questionnaire.
et une deuxième, parce que je suis dans un bon jour:
certaines drogues peuvent recréer certaines composantes d’une EMI comme la Kétanine qui autrefois était administrée comme anesthésiant.
Et allons y pour un dernier:
La signification de l’expérience est personnelle à chacun aussi, ce n’est pas un domaine où la science va pouvoir toucher à cela, c’est subjectif, personnel, humain et cela reste à la personne. Par contre ce qui nous intéresse c’est de savoir ce qu’il se passe dans le cerveau au moment de cette expérience-là parce que l’on sait que l’on a beaucoup de preuves qui démontrent que le cerveau génère la conscience, donc peut-être que la conscience est délocalisable, mais cela n’est pas prouvé encore, donc il reste à prouver cette hypothèse-là, elle le sera peut-être un jour. Pour l’instant elle ne l’est pas, on a plus de preuves qui vont dans le sens qu’un cerveau malade ne va pas produire une conscience normale, on travaille avec des patients qui ont un état de conscience altéré et on voit qu’un cerveau qui est très lésé ne va pas permettre au patient d’être conscient de lui ou de son environnement par exemple.
...
Deuxième interview, de Sébastian Diéguez:
http://scepticismescientifique.blogspot ... 3-les.html
Où déjà cet extrait m'interpelle:
J’ai fait une thèse plus orientée recherche chez le Pr Olaf Blanke, bien connu des cercles neuroscientifiques, mais aussi des cercles sceptiques et paranormaux parce qu’il a induit au début des années 2000 à l’hôpital de Genève une sortie hors du corps (Out of Body Experience, OBE) chez une patiente épileptique chez qui on procédait à des stimulations intracrâniennes, c'est-à-dire qu’on stimulait directement la surface du cortex cérébral dans différentes régions et il se trouve qu’une de ces régions cérébrale stimulée à une certaine intensité électrique induisait chez la patiente de manière répétitive quelque chose qui ressemblait à une OBE.
Sinon:
Il y a des EMI dans des accidentes très graves où la personne est en danger de mort, des EMI dans des cas où la personne croit qu’elle va mourir, mais où elle ne risque rien et des EMI où la personne n’est pas en danger de mort et ne croit pas nécessairement qu’elle va mourir, c’est une suite d’épisodes mystiques, ça arrive lors d’abus de substances, chez certains marathoniens suite à des épuisements, dans des cas d’isolement en montagne ou en mer etc. Les circonstances sont extrêmement diverses, l’expérience elle-même est extrêmement diverse comme l’a rapporté Moody lui-même.
on a une situation où maintenant on a des questionnaires pour mesurer l’intensité, la profondeur, ou la présence d’une NDE qui est entièrement basée sur l’opinion pré établie et pré décidée par Raymond Moody de ce qu’est une NDE, c'est-à-dire que ces questionnaires-là excluent tout ce qui à priori ne ressemble pas à une EMI mais qui peut arriver. Quand on est proche de la mort, on peut avoir toutes sortes d’hallucinations bizarres, des rêves étranges, des perceptions déformées etc., mais qui ne rentrent pas dans ce cadre qui a été décidé comme étant une NDE. Quand vous êtes proche de la mort, vous pouvez avoir une NDE telle qu’établie par Raymond Moody, mais vous pouvez n’avoir rien, ou vous pouvez avoir d’autres expériences, plutôt désagréables, bizarres, qui ressemblent à un rêve, à des hallucinations confuses etc. Et évidemment cela ne rentre pas dans le cadre, on dit : « Ça, ce n’est pas une EMI » puisqu’on a décidé qu’une EMI c’était ce que Raymond Moody en avait dit.
et
De la part des sceptiques, on a simplement une sorte de course après d’autres chercheurs, plutôt que la tentative de se réapproprier la question et éventuellement de la redéfinir et lui donner une sorte d’orientation qui soit approchable par la recherche et non pas par la simple proposition d’hypothèses ou d’explications alternatives à ce que d’autres ont déjà proposé avant.
la seule question est : Est-ce qu’on s’oriente vers une attitude où on prétend mettre fin au dogme de l’establishment scientifique matérialiste et entre dans un nouveau paradigme quantique et mystique qui va révolutionner la science et le monde entier ? Est-ce qu’on va se diriger vers un nouvel humain plus spirituel et moins mystique ? [...]Ou est-ce qu’on se dirige plus vers une approche naturaliste et scientifique qui utilise ces EMI comme un nouveau matériaux pour expliquer les mécanismes du cerveau ? Comment le cerveau perçoit l’espace, son propre corps, développe des croyances et peut s'affranchir des limites corporelles et du monde physique.
La fin de l'article est très intéressant, sur le côté "éthique" et sur le côté anthropologique, mais, ça, je vous laisse lire.
Désolé d'avoir fait de longs copiés-collés, je ne me sens pas pour résumer, déformer, des articles aussi pointus, j'espère que ça pourra, un peu, sortir le débat de son ornière, mais je ne fais pas trop d'illusions.
Au passage, c'est un peu le bordel, ce blog, surprise! deux pages plus loin,
une autre interview... éhéhé.
(bordelique, mais passionnant, et un boulot énorme, retranscrire des entretiens oraux, ça prend du temps, et d'un autre côté, Abrassart a un positionnement très intéressant, un scepticisme ouvert, apaisé, mais capable de critique sur les
"maitres" sceptiques...). (Merci, PhD Smith pour les liens sur un autre fil, je connaissais que la version audio, et je préfère l'écrit).