Chercheur a écrit :
Pour rappel Suzanne Blackmore : cette dernière pense que "rien" n'est sorti de son corps lors de son OBe. Pourquoi on en parle jamais de ces personnes qui ont eu des OBe mais qui sont sur une thèse "matérialiste" ?
De quelle sorte d'OBE ou pseudo-OBE s'agit-il ?
Je me rappelle avoir lu son expérience; elle n'a strictement rien à voir avec une EMI ou expérience similaire (= expérience ayant les mêmes caractéristiques qu'une EMI mais vécue dans d'autres circonstances que l'approche de la mort. Pourquoi ne parle-t-on pas davantage de ces expériences similaires d'ailleurs ? Petit début de réponse: parce que certains "chercheurs" ont caricaturé les EMI en les réduisant à une problématique de "l'au-delà", suivis par les médias toujours avides de sensationnel... Bref !).
Revenons aux OBE.
Comme je l'ai déjà maintes fois mentionné sur ce forum, il existe différentes sortes "d'OBE".
Je remets un message que j'avais déjà rédigé:
Voici comment s’exprime le neurologue L. Naccache à propos des OBE (
https://www.youtube.com/watch?v=c1fP0Wqwvk0): « Ce qui semble se passer c’est qu’il y a des régions de notre cerveau qui sont là pour intégrer les informations sur notre corps, informations visuelles, de toucher, des informations d’équilibre. Eh bien lorsque ces informations n’arrivent pas au même moment ou ne sont pas intégrées de manière correcte, notre cerveau est obligé de faire avec et de raconter une histoire qui permet de donner une certaine cohérence et souvent la plus cohérente de ces histoires c’est d’imaginer qu’on est en dehors. »
Cela rappelle clairement les expériences d'Olaf Blanke et son article publié dans Nature en 2002: Perceptions illusoires de son propre corps par stimulation corticale, traduction de Blanke Olaf, Ortigue Stephanie, Landis Teodor, Seeck Margitta. "Stimulating illusory own-body perceptions", Nature 419, 269 - 270 (2002)
Extraits de cette étude:
Les expériences « hors du corps » (OBEs) sont de curieuses et habituellement brèves sensations au cours desquelles la conscience d’une personne semble se détacher du corps et prendre un poste d’observation écarté.
Nous décrivons ici l’induction répétée de cette expérience par stimulation électrique locale du cerveau au niveau du gyrus angulaire droit chez une patiente subissant une évaluation pour un traitement épileptique. La stimulation de ce site provoqua aussi des illusions de transformation des bras et des jambes du patient (réponses somatosensorielles complexes) et de déplacement de tout le corps (réponses vestibulaires) indiquant que ces expériences hors du corps peuvent refléter une défaillance du cerveau dans l’intégration des informations vestibulaires et somatosensorielles complexes.
La patiente : « Je me vois étendue sur mon lit d’en haut,
mais je vois seulement mes jambes et le bas de mon tronc. »
On demanda alors à la patiente d’observer ses (vraies) jambes pendant la stimulation électrique (n=2 ; 4.0, 4.5 mA). Comme précédemment elle était étendue le haut du corps maintenu à un angle de 45° jambes étendues. Cette fois-ci elle raconta qu’elle voyait ses jambes « raccourcir ». Si les jambes de la patiente étaient pliées avant la stimulation (angle des genoux 90°, n=2 ; 4.0, 5.0 mA) elle rapportait que ses jambes semblaient se déplacer rapidement vers son visage, et cherchait à les éviter.
L’association de ces phénomènes et leur sélectivité anatomique suggère qu’ils trouvent une origine commune dans le traitement de l’information proprioceptive, idée qui est confortée
par la restriction de ces expériences visuelles au propre corps de la patiente.
Pendant son OBE la patiente « voyait » seulement la partie de son corps qu’elle sentait modifiée pendant les expériences de transformation corporelle.
Les expériences hors du corps et de transformation corporelle sont transitoires et peuvent cesser quand une personne tente d’examiner le corps ou la partie du corps qui est l’objet de l’illusion. Nos découvertes suggèrent que des modifications de l’attention visuelle et/ou de l’amplitude du courant dans le gyrus angulaire pourraient occasionner ces modifications phénoménologiques.
Bien que nous ne comprenions pas complètement le mécanisme neurologique qui cause les OBEs, nos résultats impliquent que le traitement des informations vestibulaires peut être important. Bien que des réponses vestibulaires translationnelles aient pu être initialement mentionnées sans OBE et qu’elles puissent être produites en isolement, des sensations vestibulaires de lévitation et de légèreté ont accompagné les OBEs chez notre patiente.
De même, la zone essentielle du cortex vestibulaire humain étant située près du gyrus angulaire, il est possible que l’expérience de dissociation entre le moi et le corps résulte d’un échec à intégrer les informations vestibulaires et somatosensorielles complexes."
Ce qui se passe lors d'une EMI est entièrement différent:
- Les personnes ne voient pas avec leurs yeux.
- Les personnes ne perçoivent jamais seulement une partie de leur corps. Elles ne perçoivent jamais non plus des déformations de leur corps. Au contraire certaines sont frappées par le fait qu'elles se voient pour la première fois de leur vie de façon "non inversée" comme lorsque l'on se regarde dans un miroir.
- Lors d'une EMI, les personnes perçoivent leur corps
et son environnement , voire même l'environnement à distance, y compris lorqu'il est inconnu au préalable.
Extrait de l'article "diagnostic différentiel entre différentes sortes d'OBE" du Dr Jourdan:
Il est tout à fait compréhensible que la stimulation électrique des zones qui ont pour but d'intégrer les informations somatosensorielles et vestibulaires puissent donner des illusions portant effectivement sur la position du corps, sur ses mouvements et sur des modifications de la sensation de pesanteur. Il est aussi évident que la perception du corps lui même et des membres puisse être perturbée ou exagérée. De même, la stimulation de zones associatives correspondant à l'audition provoque des hallucinations auditives complexes, et celle des aires visuelles provoque des hallucinations visuelles et la vision de scènes plus ou moins complexes.
Dans la mesure où le gyrus angulaire intègre aussi les informations visuelles, on peut comprendre que les illusions concernant aussi bien la position du corps que les sensations de monter, de descendre ou de se sentir léger puissent être intégrées et perçues en dernier lieu comme impressions visuelles, donnant alors l'impression de voir son propre corps (ou une partie de ce dernier) de l'extérieur, au lieu de le percevoir "de l'intérieur" comme à l'accoutumée.
(…)
Quand il s'agit d'une illusion (qu'elle soit spontanée ou provoquée par une stimulation électrique), celle ci ne peut porter que sur des éléments "internes", connus et mémorisés par le cerveau. Ce sont essentiellement la perception du corps, de ses mouvements et de sa position dans l'espace.
Si une personne déclare " j'ai eu l'impression de flotter au dessus de mon corps, et je me suis vu allongé (dans telle ou telle position)", les perceptions décrites concernent uniquement le corps, et nous avons vu qu'elles peuvent être induites artificiellement. Il peut donc s'agir dans ce cas, d'une perception "illusoire" d'un objet réel, le corps, le tout pouvant avoir une explication tout à fait plausible dans le cadre de nos connaissances actuelles.
A l'opposé, certains témoignages rapportent une perception objective d'"objets" extérieurs au corps..."
D'une façon plus générale, voici comment s'exprime le cardiologue Pim Van Lommel, à propos du fonctionnement du cerveau lors d'une EMI:
« De ces études, nous savons que dans notre étude prospective de patients qui ont été cliniquement morts (FV ou sur l’EEG) aucune activité électrique du cortex cérébral (EEG plat) n’a pu être possible, et l’abolition de l’activité des cellules cérébrales comme la perte du corneareflex, pupilles dilatées fixes et la perte du réflexe gag est repéré cliniquement chez ces patients. Cependant, les patients ayant vécu une NDE peuvent rapporter une conscience claire, dans laquelle le fonctionnement cognitif, l’émotion, le sens de l’identité, et les souvenirs de la petite enfance ont été possibles, ainsi que la perception à partir d’une position en-dehors et au-dessus de leur corps "mort". Parce que les expériences de sortie de corps (OBE) sont quelquefois rapportées et vérifiables, comme le cas de « dentures » détaillée dans notre étude, nous savons que la NDE peut survenir durant la période d’inconscience, et non pas dans la première ou la dernière seconde de cette période.
Nous avons donc conclu que les NDE que nous avons étudiées ont été vécues durant une perte fonctionnelle transitoire de toutes les fonctions du cortex et des cellules cérébrales. »
Extrait de :
https://sites.google.com/site/mortrappr ... lancet2001
Extrait de l'enquête très documentée du Dr Sabom concernant les éléments perçus par un patient lors de son EMI. Il y compare les déclarations du témoin avec le compte rendu du chirurgien:
DESCRIPTION DU PATIENT
I. « J'avais la tête couverte et le reste de mon corps était enveloppé de plusieurs draps, des draps séparés mis en épaisseurs. »
2. « Je pourrais vous faire un dessin de la scie qu'ils ont utilisée. »
3. « Cette chose pour écarter les côtes. Ça y est resté en permanence... Tout autour, il y avait un linge qui le recouvrait mais on pouvait en voir la partie métallique... Le truc avec quoi ils m'ont tenu la poitrine ouverte, c’était vraiment du bon acier, sans rouille, je veux dire, sans décoloration. Du vraiment bon métal, dur, brillant. »
4. « Il y avait un grand morceau à droite ou à gauche qui était plus foncé que le reste au lieu d'être de la même couleur. »
5. « Il a coupé des morceaux de mon cœur. Il l'a soulevé et il l'a tourné dans ce sens, et puis dans l’autre, et il a pris un bon bout de temps pour l'examiner et regarder différentes choses. »
6. « Injecté un produit dans le cœur. C'est épouvantable quand vous voyez cette chose qui s'enfonce droit dans votre cœur. »
7. « Ils m'ont d'abord fait quelques points à l'intérieur avant de recoudre l’extérieur »
DESCRIPTION DU CHIRURGIEN
1. .« Habillé de linges stériles de la façon habituelle. »
2. « Le sternum a été ouvert à la scie dans le milieu. »
3. « Mise en place d'un rétracteur fixe par-dessus les champs opératoires. »
4. « L'anévrisme ventriculaire fut mis au jour... L'anévrisme était très important. »
5. « On fit une incision sur la partie la plus proéminente de l'anévrisme après avoir tourné le cœur à l'envers dans la cavité péricardique… L'anévrisme entier fut réséqué. »
6. « Et l'air fut évacué du ventricule gauche avec une aiguille et une seringue. »
7. « La plaie a été refermée par sutures en plans... Le fascia pectoral a été rapproché par une suture à points séparés au Tevdek 2-0. . . le tissu sous-¬cutané refermé par suture continue au fil chromique 3-0... la peau au fil de nylon 4-0. (Extrait de Deadline-dernière limite du Dr Jourdan)
"L'ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine, la haine conduit à la violence... Voilà l'équation". Averroès
« Il est absolument possible qu’au-delà de ce que perçoivent nos sens se cachent des mondes insoupçonnés. » Einstein