jean7 a écrit :Tu peux en faire des bouquins, le principe de responsabilité n'a de sens que par le déterminisme. C'est seulement lui qui nous relie aux conséquences de nos actes. Sans lui, nos actes n'auraient pas de conséquence.
Tu fais une confusion entre
responsabilité et
responsabilité morale :
"cet homme est responsable de son crime !" et
"ce joint de culasse est responsable de la panne !" , ce n'est pas la même chose.
Ton problème, c'est qu'on ajoute pas systématiquement "morale" à "responsabilité", c'est implicite quand il s'agit d'une action de la part d'un humain. Le mot "responsabilité" est polysémique à ce niveau, il ne veut pas dire
du tout la même chose dans le cas d'un matériau, d'une force quelconque, mais aussi d'un animal ou d'un malade mental.
jean7 a écrit :Je pense que tu es sur la définition suivante :
"La responsabilité est le devoir de répondre de ses actes, toutes circonstances et conséquences comprises, c’est-à-dire d'en assumer l'énonciation, l'effectuation, et par suite la réparation voire la sanction lorsque l'attendu n'est pas obtenu."
Alors dis-moi en quoi le déterminisme pourrait t'en débarrasser ?
Dire "c'est pas moi c'est mes causes" ?
Parfaitement et c'est ce que dit ou un malade mental (ou plutôt son avocat) devant un tribunal.
Il n'a pas un esprit libre pouvant influencer le cours des évènements (comme le dit Raphaël). Il n'a pas de libre arbitre, son esprit et son corps sont déterminés par sa maladie.
Un animal non plus ne peut pas être jugé, il n'a pas de
responsabilité morale. N'ayant pas d'âme (selon la religiosité, qui a instauré le mythe du libre arbitre), la
justice (Dieu est juste) l'assimile à un matériau.
S'il provoque un accident, il est
responsable de cet accident
(comme le joint de culasse), mais pas
responsable moralement.
C'est son maître qui porte la
responsabilité morale, si ce maître a commis une
faute que la morale peut réprouver (un
défaut de prévoyance).
Dans un monde déterministe, on est libéré de la
responsabilité morale, mais on ne rajoute pas "morale" à tous les coups, on suppose que l'interlocuteur a reçu une certaine éducation qui lui permet de comprendre.
Dans un monde déterministe, donc, on est assimilé à un matériau
(le joint de culasse) à des animaux ou des malades mentaux. Il n'y a plus d'indignation face à un acte que la morale réprouve,
parce qu'il n'y a plus de morale.
Alors, tu vas me dire tout de suite que si tout le monde commence à penser ça, c'est impossible, c'est impensable, c'est le chaos total !!
Et ben, pas nécessairement...
Il est évident que je ne parle pas ici de la transition vers un tel monde, qui serait pas mal tumultueuse. Les anciennes valeurs feraient de la résistances. Je parle d'un monde établi selon le principe d'un déterminisme assumé.
Mais bon, c'est un expérience de pensée que tu dois faire toi même. Juste quelques pistes :
La morale n'existant plus, il n'y a aucune raison égotique de vouloir la transgresser ou de développer/provoquer des psychoses liée à ce concept.
Le mérite n'existant plus, il n'y a aucune raison de se sentir supérieur et donc de blâmer quelqu'un qui n'a pas réussi... parce que dans un tel monde, tout le monde sait qu'il n'a pas
fauté. Voilà déjà deux raison de minorer l'influence de l'ego.
Et la compassion aidant (parce que la suppression de la morale n'entraîne pas du tout la suppression de l'empathie. On sait que les mammifères supérieurs, entre autres, sont capables d'empathie), il n'est pas du tout sûr qu'on vivrait quelque chose de pire dans ce monde que dans le nôtre.
J'ajoute que (et là c'est juste une hypothèse de ma part), l'ego personnel étant un frein à l'empathie et donc à la compassion, il freine aussi l'établissement d'un ego de groupe entre tous les humains, cette relation que nous avons perdue depuis l'instauration du libre arbitre sous la forme du culte d'un dieu unique.
Parce qu'il n'est pas étonnant que, à force d'adorer un dieu unique, on finit par se considère aussi comme unique et dès lors qu'on coupe petit à petit le lien qui nous relie aux autres (voir un post plus haut, que j'avais adressé à Babel concernant de possibles "essaims" humains préhistoriques).