Stephen Barrett, M.D.
Aux États-Unis, les médecins ostéopathes (DO, ou docteur
en ostéopathie) ont le même statut légal et, dans la majorité des cas, la même
compétence que les médecins conventionnels. Mais, quoique plusieurs offrent des
soins de bonne qualité, le pourcentage d’ostéopathes impliqués dans des
pratiques suspectes est plus élevé que chez les médecins conventionnels. C’est
pour cette raison qu’avant de songer à consulter un ostéopathe, il serait bon
de connaître l’histoire de l’ostéopathie et sa philosophie.
Notez qu’au Québec, un D.O. est un diplômé en ostéopathie. Le titre de docteur en ostéopathie n’existe pas
au Canada et est strictement réservé aux ostéopathes de formation américaine.
Origine pseudo-scientifique
Les principes de l’ostéopathie ont été formulés
originellement par Andrew Taylor Still (1828-1917)
en 1874, lorsque la science médicale en était encore à ses débuts. On a
prétendu qu’il avait un diplôme en médecine, mais Martin Gardner, l’un des
principaux écrivains scientifiques du 20e siècle, a conclu qu’
« il n’y a aucune preuve qu’il ait eu une formation médicale autre
que celle d’aider son père, un missionnaire méthodiste, à prendre soin des
Indiens Shawnee » [1].
Still croyait que les maladies
étaient causées par une interférence mécanique entre les nerfs et la
circulation sanguine. Il croyait qu’elles pouvaient être guéries par la
manipulation des « os, nerfs et muscles déréglés ou déplacés » en
enlevant toutes les obstructions et en « remettant la machinerie vitale en
marche ». Son autobiographie rapporte qu’il a fait pousser les cheveux
d’un homme chauve de trois pouces en une semaine et qu’il pouvait
« secouer un enfant pour arrêter la fièvre scarlatine, le faux croup, la
diphtérie, et guérir la coqueluche par une flexion du cou » [2].
Still s’opposait aux pratiques
pharmacologiques de son temps et voyait la chirurgie comme un traitement de
dernier recours. Rejeté comme charlatan par la médecine organisée, il fonda en
1892 la première école d’ostéopathie à Kirksville, au Missouri.
Avec le développement de la science médicale,
l’ostéopathie a progressivement incorporé toutes les théories et pratiques de
la médecine moderne [3] et obtenu une
reconnaissance légale dans les 50 États américains. En 1901, la Californie est
devenue le premier État à autoriser les DO, et le Nebraska, en 1989, le
dernier.
Aujourd’hui, à l’exception d’un accent mis sur les
diagnostics et traitements musculosquelettiques, l’étendue de la pratique de
l’ostéopathie est identique à celle de la médecine conventionnelle. Le
pourcentage de praticiens qui utilisent occasionnellement des traitements par
manipulation (OMT, ou osteopathic
manipulative treatment) est constamment à la
baisse.
La formation en ostéopathie
Il y a présentement 39 collèges accrédités de médecine ostéopathique et près de 100 000
praticiens aux États-Unis [4]. L’admission aux écoles
d’ostéopathie exige un baccalauréat de quatre années comprenant un nombre
précis d’heures de cours de sciences. Le doctorat en ostéopathie (DO) requiert
plus de 5000 heures de formation étendue sur quatre ans. La remise des diplômes
est suivie d’une année de stage comme résident dans un hôpital d’enseignement
approuvé. La spécialisation nécessite de deux à six années supplémentaires de
formation comme résident, selon la spécialité. Entre 50 % et 60 % des DO
entrent dans les soins primaires (médecine familiale, médecine interne ou
pédiatrie). La durée de la formation des médecins conventionnels est identique.
L’American Osteopathic Association (AOA)
reconnaît plus de 100 spécialités et sous-spécialités [5]. Il faut en être membre
pour être reconnu, ce qui force certains praticiens à appartenir à l’AOA même
s’ils ne suivent pas toutes les politiques de l’association. Depuis 1985, les
médecins ostéopathes peuvent obtenir une formation de résident dans
des hôpitaux de médecine conventionnelle et la majorité le fait. Depuis 1993,
ceux qui ont terminé cette formation sont aussi admissibles à devenir membres
de l’American Academy of Family Practice. Ce
privilège était auparavant réservé aux médecins ou aux DO ayant effectué leur
formation dans des centres médicaux agréés [6]. En 2014, l’AOA, l’AACOM et
le Conseil d’accréditation pour l’enseignement
médical supérieur ont décidé d’instaurer un système
d’accréditation unifié avant le 1er juillet 2020 (Note).
L’unification contribuera grandement à reconnaître les caractéristiques qui se
chevauchent dans la formation et la pratique des médecins et des DO [7].
Il existe cependant quelques différences entre
l’enseignement de l’ostéopathie et celui de la médecine. Aux États-Unis, les
normes d’admissibilité - comme en témoignent les moyennes générales (GPA) et les
résultats du Medical College
Admission Test (MCAT) - sont
légèrement inférieures dans les écoles d’ostéopathie que dans les facultés de
médecine. Alors que les étudiants acceptés par les écoles d’ostéopathie ont
tendance à avoir un nombre égal de A et de B, ceux acceptés par les écoles de
médecine ont tendance à avoir en moyenne trois A pour chaque B. Quant au MCAT,
le résultat médian des étudiants inscrits en ostéopathie se situe dans les
premiers 40 % alors que pour ceux inscrits dans les facultés de médecine, il se
situe dans les premiers 20 %. De plus, le nombre moyen de professeurs à temps
plein est beaucoup plus élevé dans les facultés de médecine. Les écoles
d’ostéopathie font relativement peu de recherches et quelques-unes éprouvent de
la difficulté à attirer suffisamment de patients pour permettre aux étudiants
d’acquérir l’expérience requise en regard de ce qui est offert dans les
facultés de médecine. Concrètement, cela signifie que les étudiants en médecine
seront exposés à une plus grande variété de patients et à une plus grande
expertise des membres de la faculté. Bien sûr, comme pour les diplômés des
facultés de médecine, la qualité des praticiens pris individuellement dépend de
leurs connaissances, du temps qu’ils consacrent à leur travail et de la
formation qu’ils poursuivent à la suite de l'obtention de leur diplôme. Ceux
qui s’appliquent peuvent être considérés comme aussi compétents que les
médecins conventionnels.
Propagande ostéopathique
De nombreux observateurs estiment que l’ostéopathie
et la médecine devraient fusionner. Mais les organisations ostéopathiques
préfèrent conserver une identité distincte et même exagérer les différences qui
les séparent, particulièrement dans leur publicité. Par exemple :
Les
affirmations selon lesquelles les OMT (manipulations) favorisent les tendances
naturelles du corps à rester en santé et l’autoguérison
sont similaires aux foutaises que les chiropraticiens formulent pour
suggérer que, d’une façon quelconque, leur attention à la colonne vertébrale
aura des effets positifs sur tous les processus corporels. La manipulation
vertébrale peut produire un soulagement de la douleur dans des cas correctement
sélectionnés de lombalgie [13].
Cependant, ni les OMT ni la manipulation vertébrale chiropratique n’ont
d’effets avérés sur la santé des personnes. L’utilisation des OMT ne fait pas
non plus des DO de meilleurs médecins.
Curieusement,
l’utilisation des OMT par les DO n’est pas fréquente et beaucoup ne les
utilisent pas du tout. En 1995, un court questionnaire a été envoyé à 2000
médecins de famille ostéopathes, pris au hasard parmi les membres de l’American
College of Osteopathic Physicians. Près de la moitié d’entre eux ont répondu. Le
sondage révélait que seulement 6 % des ostéopathes traitaient plus de la moitié
de leurs patients avec des OMT, 40 % les utilisaient avec 25 % de leurs
patients ou moins et 32 % ont répondu qu’ils utilisaient les OMT avec moins de
5 % de leurs patients. L’enquête a aussi révélé que plus la date de l'obtention
de leur diplôme était récente, moins fréquent était l’usage des OMT [14].
En 1998,
un questionnaire de deux pages envoyé par la poste à
3000 DO tirés au sort a obtenu 955 réponses utilisables. Environ la moitié ont
déclaré avoir utilisé les OMT sur moins de 5 % de leurs patients et 30 % ont
déclaré les avoir utilisés sur 5 à 25 % d’entre eux. Les chercheurs ont exprimé
leur consternation face à la possibilité que les OMT deviennent un « art
perdu » [15]. Je
n’ai pas été en mesure de trouver des données quantitatives plus récentes sur
l’utilisation des OMT parmi les DO, mais rien n’indique qu’il y a eu une
augmentation de leur fréquence d’utilisation.
En dépit de tout cela, le site Web de l’American Osteopathic Association rend
hommage à Andrew Still et affirme que la médecine
ostéopathique représente une philosophie de soins unique :
Les DO croient qu’une bonne santé ne se limite pas
seulement à l’absence de douleur ou de maladie. En tant que gardiens de la
santé, les DO se concentrent sur la prévention en acquérant une meilleure
compréhension de votre mode de vie et de votre environnement, plutôt que de
simplement traiter vos symptômes. Cela fait une différence lorsque votre
médecin est formé pour vraiment écouter, pour vous accorder plus d’attention
qu’aux résultats de vos analyses, pour regarder au-delà des symptômes et
prendre le temps de vous connaître en tant que personne à part entière. Vous écouter et s’associer à votre bien-être sont au cœur de
notre approche holistique et empathique de la médecine. Nous sommes formés pour
favoriser la tendance naturelle du corps à rester en santé et à s’autoguérir.
Nous fondons notre pratique sur les connaissances scientifiques les plus
récentes et utilisons les technologies de pointe, mais nous envisageons
également des options pour compléter l’utilisation des produits pharmaceutiques
et la chirurgie [16].
Si vous me permettez, je considère injurieux et
choquant que les ostéopathes donnent l’impression qu’ils sont les seuls à
considérer leurs patients comme des individus, à fournir des soins complets ou
à s’intéresser à la prévention de la maladie.
Pratiques douteuses
Le pourcentage relatif de DO impliqués dans
la thérapie crânienne,
la thérapie de chélation, l’écologie clinique, la thérapie orthomoléculaire, l’homéopathie et plusieurs autres
pratiques douteuses semble plus élevé chez les ostéopathes que chez les
médecins conventionnels. Je suis arrivé à cette conclusion en examinant les annuaires
de membres des groupes qui font la promotion de ces pratiques. La thérapie
crânienne est unique parmi celles-ci, car elle est historiquement liée à
l’ostéopathie, promue par plusieurs DO et enseignée dans de nombreuses écoles
d’ostéopathie.
La thérapie crânienne
Les adeptes de la thérapie crânienne (aussi appelée
ostéopathie crânienne, thérapie craniosacrée et
thérapie biocrânienne) affirment que les os du crâne
peuvent être manipulés pour soulager la douleur et remédier à beaucoup d’autres
malaises. Ils maintiennent aussi qu’un rythme existe dans le courant du liquide
céphalorachidien autour du cerveau et de la moelle épinière, que les maladies
peuvent être diagnostiquées en décelant des anomalies dans ce rythme et
qu’elles peuvent être traitées en manipulant le crâne. La plupart de ces
praticiens sont des ostéopathes, des massothérapeutes, des chiropraticiens, des
dentistes ou des physiothérapeutes.
Les ostéopathes attribuent l’origine de
l’ostéopathie crânienne à l’ostéopathe William G. Sutherland, qui publia son
premier article sur ce sujet au début des années 1930. À partir du milieu des
années 1970, le principal promoteur était John E. Upledger,
DO, fondateur de l’Upledger
Institute de Palm Beach Gardens, en Floride. Un dépliant de l’institut affirme :
·
La thérapie craniosacrée
est une technique manipulatoire douce et non invasive. Le thérapeute augmente
rarement la pression appliquée au-delà de 5 grammes ou l’équivalent du poids
d’une pièce de monnaie. L’examen est fait en évaluant la mobilité dans
plusieurs zones du système. Souvent, quand l’évaluation est terminée, la
restriction ou le blocage a été enlevé et le système peut se corriger par
lui-même [17].
·
Le rythme du système craniosacré
peut être décelé de la même façon que les rythmes des systèmes cardiovasculaire
et respiratoire. Mais contrairement à ces deux systèmes, l’évaluation et la
correction du système craniosacré peuvent être
accomplies par la palpation. La thérapie craniosacrée
est utilisée pour une myriade de problèmes de santé, incluant les maux de tête,
les douleurs au cou et dorsales, les troubles de l’articulation
temporo-mandibulaire, la fatigue chronique, les difficultés de coordination
motrices, les problèmes oculaires, la dépression endogène, l’hyperactivité, le
déficit de l’attention, des problèmes du système nerveux central et beaucoup
d’autres problèmes de santé [18].
Une autre source éclairante, mais qui ne semble
plus paraître, est The Cranial Letter, publiée trimestriellement par l’Osteopathic Cranial Academy, une
société faisant partie de l’American Academy of Osteopathy,
affiliée à l’AOA. Le numéro d’été de 1993 déclarait que la Cranial Academy comptait
989 membres. D’autres numéros contiennent des études de cas alléguant que la
thérapie crânienne peut faire disparaître la douleur au genou en l’espace d’une
semaine (été 1992), guérir l’urticaire (été 1993), améliorer l'état mental
de patients atteints du syndrome de Down (mai 1995) et corriger le strabisme
(mai 1996).
Le site Web de thérapie crânienne ostéopathique
déclare maintenant :
Tout comme les poumons respirent et le cœur bat, le
système nerveux central a également son propre mouvement rythmique
involontaire. Il existe également un mouvement du liquide céphalorachidien
(LCR) autour du cerveau et dans les méninges. En raison de la barrière
hématoencéphalique, les cellules cérébrales dépendent de la circulation du LCR
afin que toutes les cellules puissent recevoir nourriture et oxygène. Les
ostéopathes ayant une formation spécialisée dans ce domaine (le “champ
crânien”) travaillent avec les os du crâne, les méninges, les fluides, et en
particulier avec le système nerveux central (le cerveau) pour le traitement des
dysfonctionnements et pour améliorer la santé de la personne. Parfois appelée
ostéopathie crânienne, c’est un ensemble supplémentaire de compétences acquises
par les ostéopathes pour mieux soigner l’ensemble du corps [19].
Les
sites Web d’ostéopathie qui adhèrent à la thérapie crânienne peuvent être
repérés en utilisant le moteur de recherche Google’s Advanced Search et
en cherchant « cranial osteopathy ».
La théorie sous-jacente à la thérapie craniosacrée est fausse parce que les os du crâne sont fusionnés
à la fin de l’adolescence et qu’aucune recherche n’a pu démontrer que la
manipulation manuelle puisse faire bouger ces os [20]. Et je
ne crois pas non plus que les « rythmes du système craniosacré
puissent être palpés aussi clairement que les rythmes des appareils
cardiovasculaire et respiratoire », comme on le prétend dans un autre
document de l’institut Upledger [21]. On
peut percevoir un pouls cervical, mais c’est relié exclusivement au système
cardiovasculaire [22]. En
1994, on a rapporté que trois physiothérapeutes qui ont examiné les mêmes 12
patients ont diagnostiqué des « rythmes craniosacrés »
significativement différents, ce qui est le résultat attendu de la mesure d’un
phénomène inexistant [23].
Le pourcentage d’ostéopathes utilisant la thérapie
crânienne n’est pas élevé, mais la croyance en son efficacité semble être
profondément ancrée dans la profession. De nombreux collèges d’ostéopathie
l’enseignent et l’American Osteopathic Association la
considère comme légitime.
La liste
des publications scientifiques de l’American Osteopathic
Association d’octobre 1996 comportait 88 éléments. Parmi eux, au moins 15
étaient écrits par Sutherland, Upledger et d’autres
auteurs qui défendent la thérapie crânienne [24]. En
1998, le calendrier de formation continue de l’American Osteopathic
Association proposait un cours de 40 heures sur l’ostéopathie crânienne qu’elle
finançait conjointement avec l’American Academy of Osteopathy.
En 2002, deux professeurs de sciences de la New England College
of Osteopathic Medicine ont
conclu :
Nos
recherches, ainsi que celles publiées antérieurement, suggèrent que le
mécanisme proposé pour l’ostéopathie crânienne est invalide et que la
reproductibilité des diagnostics d’un examinateur à l’autre est à peu près
nulle. Puisqu’aucune étude comparative, randomisée et à double insu n’a encore
été publiée, nous concluons que l’ostéopathie crânienne devrait être éliminée
du curriculum des collèges de médecine ostéopathique et dans les examens pour
obtenir le permis de pratique en ostéopathie [20].
En 2005,
l’un des professeurs a rapporté qu’en dépit de leurs efforts persistants, la
thérapie craniosacrée était toujours enseignée dans
toutes les écoles d’ostéopathie aux États-Unis et des questions à ce sujet
étaient encore posées dans les examens pour obtenir le permis de pratique de
DO [25].
En 2015, après une revue complète de la littérature
scientifique, une équipe de recherche française a conclu :
Nos résultats montrent que les preuves
méthodologiquement valables en faveur de l'efficacité thérapeutique des
techniques et stratégies thérapeutiques issues de l'ostéopathie crânienne sont
pratiquement inexistantes [26].
Depuis que mon article a été publié, des dizaines
d’étudiants en ostéopathie et de membres du corps professoral m’ont dit
qu’eux-mêmes et beaucoup (ou la plupart) des étudiants de leurs écoles
considéraient cette technique thérapeutique comme ridicule. Sa persistance me
rend perplexe.
Thérapie de chélation
La thérapie de chélation consiste en une série
d’infusions intraveineuses contenant de l’EDTA et d’autres
substances [N.D.L.R. L’EDTA forme
un complexe avec les métaux lourds, ce qui, dans certaines conditions bien
spécifiques, peut favoriser leur élimination du corps]. Les partisans déclarent
qu’elle serait efficace contre l’athérosclérose et d’autres problèmes de santé
sérieux. Toutefois, aucune étude contrôlée n’a pu démontrer que la thérapie de
chélation puisse avoir un quelconque effet bénéfique [27].
La thérapie de chélation avec EDTA est cependant
une des nombreuses méthodes légitimes dans le traitement de l’empoisonnement
par le plomb, mais le protocole est très différent de ceux employés de façon
inappropriée pour traiter d’autres problèmes de santé. Il faut porter au crédit
de l’AOA de s’être inscrite en faux contre cette thérapie depuis 1985.
Sa
position est la suivante : « L’American Osteopathic
Association n’approuve pas l’utilisation de la thérapie de chélation pour
d’autres applications que celle qui est actuellement approuvée médicalement par
la FDA (Food and Drug Administration). » Adoptée en 1985, révisée et
réaffirmée en 1990 et 1995, révisée en 2000, rappelée en 2005, révisée en 2006,
réaffirmée en 2011, réaffirmée telle que modifiée en 2016 [28].
En 1998, la liste de référence des membres (member referral list) de l’American College for Advancement
of Medicine (ACAM), le groupe
principal qui encourage la thérapie de chélation, identifie près de 400
médecins conventionnels et 121 DO comme membres spécialistes de la thérapie de
chélation. Ces chiffres suggèrent que le pourcentage de DO qui utilisent cette thérapie
est quatre à cinq fois plus élevé que chez les médecins. Curieusement, Ronald
A. Esper, DO, président de l’AOA en 1998, était
membre de l’ACAM et utilisait la thérapie de chélation.
Plus récemment, en 2009, le répertoire de l’ACAM
contenait encore 221 médecins et 93 DO qui offraient une thérapie par chélation ;
le pourcentage de médecins ostéopathes pratiquant la thérapie par chélation
était encore cinq ou six fois supérieur au pourcentage de médecins qui la
pratiquaient.
Conclusion
Je crois que les associations d’ostéopathes, ainsi
que plusieurs écoles d’ostéopathie et leurs diplômés, agissent de façon
inadéquate en exagérant la valeur de la thérapie par manipulation, en
prétendant à tort que les soins médicaux ostéopathiques sont intrinsèquement
supérieurs aux soins médicaux standards et en s’abstenant de dénoncer la
thérapie crânienne. Par contre, il y a plusieurs DO
très compétents.
Si vous voulez prendre un médecin ostéopathe comme
votre médecin traitant, vous seriez mieux d’en rechercher un qui : a) a
fait sa résidence dans un hôpital de médecine conventionnelle, b) n’affirme pas
que les ostéopathes ont une philosophie unique ou que la manipulation (les OMT)
aide à rester en bonne santé, c) qui n’utilise pas la manipulation ou qui
l’utilise surtout pour des douleurs dorsales et d) qui n’utilise pas la
thérapie crânienne.
Réactions à cet article
En 1998, j’ai reçu une lettre du cabinet d’avocats
de l’AOA s’opposant à certains passages d’une première version de cet
article [29]. En
réponse, j’ai clarifié certains des points qu’ils ont soulevés et ajouté des
informations et des références supplémentaires. J’ai également invité l’AOA à
soumettre une lettre pour publication et discussion ultérieures. Par
l’intermédiaire de leur avocat, ils ont accepté, mais aucun texte n’a suivi.
Récemment, un lecteur a souligné à juste titre que
de nombreux médecins pratiquant aux États-Unis ont obtenu leur diplôme dans des
écoles de médecine des Caraïbes, où les conditions d’admission sont inférieures
à celles requises par les écoles de médecine ostéopathique. Comme pour les DO,
les diplômés de ces écoles qui sont brillants, travaillent dur et reçoivent une
bonne formation postuniversitaire peuvent encore émerger comme compétents.
Je
recommande également d’éviter complètement tous les praticiens, quels que
soient leurs titres de compétences, qui pratiquent ce qu’ils décrivent comme la
médecine « holistique », « alternative »,
« complémentaire » ou « intégrative » [30].
Note :
Un petit nombre de programmes en ostéopathie n’ont
pas été accrédités au 1er juillet 2020. https://osteopathic.org/gme/aoa-restricted-accreditation-after-june-30-2020/
Pour en savoir plus :
Pour
renseignements additionnels :
Références
Gardner M. Fads & Fallacies in the Name of Science .
Dover Publications, New York City, 1957, p 105.
Dernière
mise à jour le 5 janvier 2021.
Source: Quackwatch