Texte annonçant la soirée :
La soirée a débuté avec le mot du président, Louis Dubé, qui a présenté l'association des Sceptiques du Québec, fondée en 1987. M. Dubé a résumé les buts de l'association : promouvoir la pensée rationnelle et l'esprit critique face aux pseudosciences et aux phénomènes paranormaux. Cela peut paraître plutôt sérieux, et ce l'est assez souvent. Ce qui n'empêche pas les Sceptiques du Québec de traiter à l'occasion avec humour de certaines incohérences ou impossibilités reliées aux pseudosciences et aux phénomènes paranormaux. Ce sera le thème de la première partie de la soirée, avec la vente aux enchères d'objets ésotériques. Les profits amassés lors de l'encan servent à financer les activités des Sceptiques du Québec : organisation des soirées-conférences, publication de la revue « Le Québec sceptique », etc. L'humour des Sceptiques du Québec porte sur les situations, et non pas sur les personnes.
Michel Toulouse, le concepteur et fabricant des objets mis en vente, assisté par son équipe de savants japonais qui travaillent dans son sous-sol, fut accompagné d'Alain Bonnier, un ancien président de l'association des Sceptiques du Québec, pour animer cet encan du « Canal crédule achats ». M. Toulouse en est à son 7e ou 8e encan. Les encanteurs ont précisé que les profits seront versés à l'organisme de charité anciennement nommé « Sceptiques au Soleil » et maintenant renommé « Vieillesse au Soleil. »
M. Toulouse a aussi apporté une planche à clous, fabriquée par lui-même, sur laquelle quelques volontaires se sont couchés. On a précisé que le nombre de clous et l'espacement entre les clous sont tel (environ un clou par pouce carré) qu'il n'y a aucun risque de blessure, bien que les clous puissent laisser des marques sur la peau ou abîmer les vêtements.
Ce qui a inspiré Dubois à donner cette conférence fut la lecture, dans son journal local, d'un texte où le commentateur traitait Raël de clown. Il s'est dit : « un instant ! Faire le clown et être un clown sont deux choses très différentes ! » Faire le clown, ou encore se faire traiter de clown, signifie qu'on fait l'imbécile, qu'on n'est pas à sa place au bon moment, qu'on est ridicule. C'est se déguiser en faux prophète et rire du monde. Être un clown, c'est tout autre chose…
Dubois a déjà croisé Raël dans un restaurant. Il jouait alors son personnage de clown Ti-Pit et tenait en laisse son chien invisible. Entraîné par son compagnon, il alla vers Raël et lui demanda s'il serait possible de les cloner, lui et son chien. Raël lui répondit simplement que tout est possible…
Selon le dictionnaire, le personnage du clown est un acteur comique. Ce qui est très différent que d'être ridicule. Être un clown consiste à exagérer, mais de façon artistique. Ainsi, contrairement à ce que certains avancent, George W. Bush n'est pas un clown : il est un politicien qui exagère.
Un vrai clown ne ment pas. Par son maquillage et son costume, il sait ramener les adultes au niveau joyeux de l'enfance, à l'instar du Père Noël. Le clown et l'enfant se ressemblent : ils aiment jouer. Le clown fait dans la démesure, avec un cœur d'enfant, émerveillé. Un clown manifeste ses émotions de manière extrême. S'il pleure, ses larmes jaillissent jusqu'à l'autre bout de la pièce. Un clown est un créateur et un humoriste. Il pratique la jonglerie, l'acrobatie, la magie, la sculpture de ballons, etc., mais toujours de manière humoristique. Être un clown peut aussi impliquer d'avoir des prises de position sociales : pensons à Marc Favreau et son célèbre personnage Sol.
Le mot clown vient de l'anglais « colon ». Le « colon » qui arrive en ville a des allures burlesques, loufoques, excentriques : il est devenu le « clown ».
Tous les clowns ne se ressemblent pas : chacun a sa propre personnalité. On retrouve des clowns dans tous les pays
Dubois a agrémenté sa conférence de blagues, numéros et présentations d'accessoires de clowns. Il a notamment fait étalage des différents modèles de nez de clown, de différentes formes et grosseurs, en indiquant que le nez du clown est le bouton poussoir pour jouer. Lorsque le comédien l'enlève, il sort de son personnage.
Dubois a dit être « nez » clown; il a dû choisir entre sa vocation et l'école. Lorsqu'il était au cégep, il vit une annonce dans un journal et décida de mettre son « nez » à l'Atelier des clowns du Québec. Il découvrit un monde d'expression dramatique tout en couleurs.
Le clown qui incarne très souvent l'image du cirque et qui entre le mieux en contact avec les enfants est le clown auguste. Il est joyeux, naïf, insouciant. Son fond de teint est orangé ou rose, son costume est très coloré et très tape-à-l'œil. Pensons au clown russe Popof et au clown québécois Patof, inspiré du précédent.
L'origine de ce clown remonte à un dénommé Auguste, qui était un accessoiriste alcoolique dans un cirque. Un jour, il vint sur la piste avec ses accessoires, trébucha sur le tapis et fit tout tomber. Le public se mit à rire. Le maître de piste lui ordonna de sortir immédiatement, mais le public se mit à scander « Auguste ! Auguste ! » Auguste revint sur la piste… et trébucha de nouveau. On a ainsi créé un personnage portant son nom.
Le clown auguste se situe, en quelque sorte, à mi-chemin entre le clown vagabond et le clown blanc.
Le clown vagabond, un personnage triste, a un représentant célèbre au Québec, où il est très apprécié : Sol. Ses origines remontent à la crise économique des années 1930. L'un des premiers à l'incarner fut l'américain Emmett Kelly. En raison de la pollution causée par les trains à charbon, les hommes qui dormaient dehors se réveillaient avec le visage noirci. Ils se frottaient alors les yeux et la bouche, y enlevant le charbon et créant l'archétype du clown vagabond. Kelly travaillait au cirque : il venait sur la piste après les numéros (jonglerie, fil de fer, …) pour les parodier. C'est ce qui fit sa popularité. Son fils, Emmett Kelly Junior, a pris la relève. Le clown vagabond fait un peu peur aux enfants.
Le clown blanc, enfin, est inspiré du Pierrot, qui ne parle pas, et du mime. Son fond de visage est blanc, enfariné. C'est un personnage froid comme un banc de neige, sévère, sérieux. Il donne la réplique au clown auguste et au clown vagabond pour les ramener dans le droit chemin. Pensons à Gobelet, le compagnon de Sol. Pensons aussi à Ronald McDonald, le clown de cette chaîne de restaurant. Le comédien qui personnifie un clown blanc doit être un véritable artiste et doit développer ses talents.
Par opposition au clown vagabond, le clown blanc est très raffiné. À une certaine époque, les spectacles de cirque, en Europe et aux Etats-Unis, présentaient même des défilés de mode de costumes de clowns blancs.
Faire rire est un art qui se développe et s'apprend, tout comme cuisiner, dessiner, patiner… La question à se poser est « pourquoi ferions-nous rire les autres ? » Qu'est-ce que cela apporterait à l'autre et à soi ? Le désir de faire rire est comme le désir de faire pousser une fleur. L'auteur Arthur Miller, qui a écrit « Au pied de l'échelle », livre que Dubois recommande, considère le clown comme un poète en action.
Le rôle des associations de clowns est de contribuer à l'amélioration de l'art clownesque et de permettre aux membres d'en faire l'apprentissage.
Dubois a fondé l'Association des Clowns du Québec en 1995 : il s'agit du plus gros regroupement de clowns francophones au monde. Avant, il n'y avait que certaines associations aux États-Unis qui regroupaient entre 5000 et 6000 personnes.
Les associations de clowns regroupent bien entendu des clowns professionnels, mais aussi des clowns amateurs, qui pratiquent cet art par loisir.
Dans la préhistoire, l'homme de la tribu faisait rire ses semblables en imitant le sorcier ou le chef. Le fou du roi, au Moyen Age, n'a donc rien inventé ! Selon l'humoriste Michel Mambara, le rire est une création divine, comme l'amour. À voir agir les humains, Dubois trouve que « le gars d'en haut » doit avoir tout un sens de l'humour !
Un président américain a décrété que la première semaine du mois d'août (« august » en anglais) devenait la semaine internationale des clowns.
Lorsqu'il est costumé et maquillé, le comédien devient son personnage. Il se consacre alors exclusivement à jouer : il n'est pas question pour lui de vaquer à ses activités quotidiennes, comme aller à l'épicerie, à la pharmacie ou à la banque, ni de fumer ou de boire. Lorsque l'acteur a fini de jouer, il se démaquille et se décostume avant toute chose, dans le but de conserver l'esprit de son personnage. Le clown est un personnage de la scène : l'amener dans un lieu public où il n'est pas nécessairement invité peut être dérangeant pour les gens autour.
Depuis quelques années, le clown devient un créateur de paix et de santé. Il existe par exemple une association nommée Clowns Sans Frontières. Des membres de cette association ont fait cesser, le temps d'un spectacle, les combats dans l'ex-Yougoslavie, à l'époque de la guerre. Certains membres ont déjà joué en Haïti. Des clowns visitent des enfants atteints de cancer dans les hôpitaux.
Dubois a invité les membres de l'assistance à se rendre au Clown-Art, un rassemblement annuel d'une soixantaine de clowns venus de partout au Québec, qui se tient à St-Jérôme durant la fin de semaine qui suit la fête du travail. Avis à ceux qui aiment prendre des photos en couleurs ! En septembre 2005, Clown-Art en sera à sa dixième année.
Le clown a son nez rouge d'humour et son cœur rose d'amour.
Une comédienne présente dans l'assistance, qui joue le clown Tangerine, n'est pas d'accord avec l'esprit du code d'éthique. Elle affirme que permettre au comédien de se promener dans les lieux publics en étant maquillé et costumé peut encourager la tolérance envers la différence. Il existe des marginaux qui fonctionnent dans la société : il faut réaliser qu'ils sont gentils et les accepter tel qu'ils sont.
Selon Dubois, les entartistes commettent des actes de violence. Entarter quelqu'un n'est acceptable qu'avec son consentement. Par exemple, Dubois a déjà organisé des séances d'entartage dans des restaurants, pour souligner l'anniversaire de quelqu'un. Il faut dire que, devant tant de monde, il était difficile de refuser de se faire entarter…
Dubois a banni la crème à barbe : il ne faut utiliser que de la crème fouettée. Sinon, la personne entartée a une haleine de crème de menthe pour une semaine !
Le clown de la série « Les Simpson » commet bien des infractions à son code d'éthique ! Il arrive en effet qu'on bafoue l'image du clown. Par exemple, Steven Spielberg a créé un personnage de clown violent, agressif et méchant.
Certains adultes détestent les clowns et deviennent même agressifs en leur présence. Selon Dubois, une telle réaction est motivée par la peur et montre de manière manifeste que le personnage du clown vient chercher ces gens très profondément.
Le Cirque du Soleil utilise des clowns pour amener l'humour d'une manière belle, délicate et artistique.
L'organisation Clowns Sans Frontières a déjà eu un contentieux avec le festival juste pour rire : elle vendait des nez de clown lumineux sur le site du festival pour ramasser des fonds et s'est fait expulser. On souligne que Clowns Sans Frontières est présentement en campagne pour ramasser des fonds par la vente de nez de clown lumineux.
Retour sur Raël : pour ou contre le « clownage » humain ?