Syndrome du prix Nobel
« Anomalie comportementale associée à certains gagnants du prix Nobel qui les pousse à adopter des idées étranges ou non scientifiques, habituellement tard au cours de la vie. »*
Parmi les victimes de ce syndrome, on retrouve:
- Alexis Carrel, médecine (effets curatifs de la prière)
- Pierre Curie, physique (Eusapia Palladino)
- Louis J. Ignarro, physiologie ou médecine (Herbalife Niteworks)
- Brian Josephson, physique (psi)
- Philipp Lenard, physique (nazisme)
- Luc Montagnier, médecine (autisme, mémoire de l'eau)
- Kary Mullis, chimie (croie en l'astrologie, nie le caractère anthropogène des changements climatiques, nie que le VIH cause le sida)
- Linus Pauling, chimie (vitamine C)
- Charles Richet, physiologie (ectoplasme, médiums, télépathie)
- William Shockley, physique (race et QI)
- John William Strutt, Lord Rayleigh, physique (président de la Society for Psychical Research)
- Nikolaas Tinbergen, physiologie ou médecine (autisme)
- James Watson, physiologie ou médecine (race et QI)
Que l'on sache, le terme a été utilisé pour la première fois dans un des blogues de médecine scientifique de David Gorski. En l'occurrence, on évoquait quelques victimes du syndrome, mais on attribuait également l'expression à « quelques petits comiques ». Selon Gorski, il s'agit d'« une tendance, chez les scientifiques gagnants le prix Nobel, à s'éprendre d'idées étranges ou même carrément pseudo scientifiques plus tard au cours de leur vie ».
Plusieurs facteurs expliquent que des gens pourtant intelligents finissent par croire des idioties. Plus on est malin, plus on est capable de dégager des liens, de faire cadrer des données dans une hypothèse et de tirer des conclusions. Plus on est futé, plus on a de la facilité à rationaliser, autrement dit, à retirer toute valeur aux preuves - même criantes - qui vont à l'encontre de ce que l'on croit. Souvent, qui plus est, les gens brillants se montrent arrogants et pensent à tort qu'ils sont à l'abri de l'erreur, qu'elle vienne d'autrui, des données ou d'eux-mêmes.
Le syndrome du prix Nobel est-il une maladie réelle ou touche-t-il un pourcentage anormalement élevé des lauréats ? Il est à peu près aussi réel et contagieux que le syndrome de la profession médicale: anomalie comportementale de certains praticiens de la médecine qui les pousse à adopter des idées étranges ou non scientifiques, voire carrément pseudo scientifiques, à n'importe quelle époque de la vie.
Parmi ses victimes on retrouve:
- Nas Amir-Ahmadi (détoxification)
- Herbert Benson (guérison par la prière)
- Russell Blaylock (mouvement antivaccination)
- Bennett G. Braun (trouble de la personnalité multiple)
- Randolph Byrd (guérison par la prière)
- Kwang Cha (prière et fertilité)
- Deepak Chopra (guérison quantique)
- David Dosa (chat médiumnique)
- Larry Dossey (guérison par la prière)
- Richard Gerber (médecine vibrationnelle)
- Max Gerson (charlatanisme anticancéreux)
- Nicholas Gonzalez (protocole Gonzalez)
- Jay Gordon (autisme et mouvement antivaccination)
- Bill Gray (homéopathie)
- David Hawkins (kinésiologie appliquée)
- Peter Hinderberger (médecine anthroposophique)
- Alan Hirsch (régime aux cristaux magiques)
- Wayne Jonas (homéopathie)
- Mitch Krukojj (guérison par la prière)
- Rauni-Leena Luukanen-Kilde (ovnis)
- Mary A. Lynch (guérison énergétique, Consegrity)
- Jacob Mirman (homéopathie)
- Will Meecham (acuponcture)
- Robert Mendelsohn (mouvement antivaccination)
- Raymond Moody (vie après la vie)
- Richard Niemtzow (acuponcture médicale)
- Sam Parnia (vie après la vie)
- Lawrence Pazder (rites sataniques)
- Diane Hennacy Powell (perception extra-sensorielle)
- William C. Rader (thérapie bidon à l'aide de cellules souches)
- Matthias Rath (cure contre le sida à base de vitamines)
- Hans-Heinrich Reckeweg (homéopathie)
- Robin Sicca (chélation)
- Bernie Siegal (amour et miracles)
- Andrew Wakefield (autisme)
- Andrew Weil (médecine intégrée)
- Brian Weiss (régression à des vies antérieures)
Que la liste des médecins défendant des idées bizarres soit plus longue que celle des lauréats du Nobel ne saurait surprendre, puisque les premiers sont bien plus nombreux que les seconds. Le fait à souligner demeure cependant le même: être une sommité dans un domaine ne vous transforme pas en autorité dans un domaine différent. Beaucoup aiment citer un prix Nobel, un scientifique ou un médecin à l'appui de leurs positions, mais une fois qu'un expert commence à faire des affirmations à l'extérieur de son champ d'étude, son autorité ne dépasse pas celle du simple profane.
On rencontre, bien sûr, autant de « syndromes » de ce genre qu'il y a de types d'experts ou d'autorités. Laissons le soin à d'autres d'en dresser la liste, en particulier celle des détenteurs de doctorats qui défendent des idées bizarres.
- La maladie du prix Nobel, par Sainte Ironie.
- La « maladie Nobel » : Quand l’intelligence ne protège pas contre l’irrationalité, Skeptical Inquirer - juin 2020 / trad. Comité Para.
In Cellulo 5 - LSD et ADN, le Syndrome Nobel, par la P'tite Jane.
Dernière mise à jour le 2 juin 2020.
Source: Skeptic's Dictionary